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Salonique, une offensive victorieuse (1918)

La ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, écrit dans la préface d’un ouvrage sur les campagnes d’Orient « La grande guerre ne s’est pas limitée aux champs de bataille de la Marne et de la Somme, aux tranchées de Verdun et du Chemin des Dames. Aux Dardanelles, en Orient, au Levant, les combats furent sans merci, les pertes terrifiantes. Ces fronts d’Orient eurent une importance stratégique majeure ».

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Eugène Oudaille est détaché de la Sûreté générale aux armées de Salonique, le 4 mai 1918. Cette nomination n’a pu être décidée qu’avec l’accord de Georges Clemenceau, président du conseil qui avait connu le commissaire Oudaille grâce à Célestin Hennion, directeur de la Sûreté générale puis préfet de police de Paris en 1914.

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Pour le front d’Orient la période est critique. L’arrivée du général Guillaumat à Salonique le 22 décembre 1917, remplace le général Sarrail à la demande de Clemenceau. Cette décision coïncide avec des renseignements très inquiétants qui laissent présager une grande offensive ennemie visant à liquider, une fois pour toutes, les armées alliées d’Orient.

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E. Oudaille adresse à sa femme une carte de Rome le 23 juin 1918 où il écrit :

« Je suis à l’hôtel de Russie où je suis très bien. Je viens de prendre mon bain et j’écris en déjeunant ! Heureusement que j’ai du beurre et du sucre ! J’ai visité hier après-midi rapidement l’ensemble de la ville. Je vais encore sortir tout à l’heure pour aller à la Basilique Saint Pierre. Ce soir à 8 h je partirai pour Tarente où il fait encore plus chaud qu’ici !!!! J’ai acheté ici des chaussures et un chapeau de paille. Mon voyage s’effectuera dans d’excellentes conditions. Je dors assez bien. Ce soir je serai seul dans ma cabine de wagon-lit. Je t’écrirai de Tarente si je n’ai pas fondu au soleil ! »

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Le 24 juin il est à Tarente à 10 h du soir, il écrit :

« J’ai pensé beaucoup à Renée aujourd’hui. Est-elle contente de son examen ? Quand sera l’oral ? Il ne faudrait pas qu’elle se décourage si elle échouait, elle le repasserait pour septembre (ma mère, Renée, a 18 ans). Il a fait chaud mais c’est supportable aujourd’hui tout au moins. Il y a des jours où il y a 40 à l’ombre ! Nous en reparlerons donc. Je ne puis vous indiquer le jour de mon départ. »

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A cette époque, les officiers qui devaient rejoindre Salonique passaient par l’Italie, embarquainent à Tarente et atteingnaient le port d’Itéa en Grèce.

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L’immense baie de la rade de Tarente est fermée par une île défendue par des forts et par une ligne de filets contre les sous-marins. Les camps français et anglais sont établis en bordure d’un vaste bassin, sorte de lac intérieur, divisé lui-même en deux compartiments, l’un bordé par l’arsenal et occupé par les plus belles unités de la flotte italienne, l’autre par les navires français et anglais qui font le transport des troupes en Orient. Le bassin débouche sur un chenal qui ne s’ouvre que deux fois par jour à 9 heures et à 4 heures. Devant l’étroit goulet, une ancienne forteresse dresse ses hautes murailles crénelées.

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Itéa est le port d’embarquement et de débarquement des troupes franco-anglaises de l’Armée d’Orient. Sa rade profonde est bien abritée. Son entrée est protégée par un filet contre les sous-marins et fermée par les îles Saint Athanase et Saint Constantin. Des voiliers, qui font le cabotage des côtes et des îles de la mer Egée, y apportent des fruits et légumes qui, avec le poisson, constituent la nourriture de la population.

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Salonique s’étend en amphithéâtre le long de la baie, montrant sous le soleil ses immeubles aux couleurs tendres et variées partiellement cachés dans la verdure des arbres. De nombreux minarets blancs émergent. On remarque une tour blanche sur le quai et dans la vieille ville, vers la colline, on aperçoit les remparts.

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Un vaste camp fut aménagé autour de Salonique, le fameux « camp retranché », destiné à la défense de la ville et de son port. Les Bulgares ne franchirent jamais la frontière dans ce secteur, et le camp dit de Zeitenlick, servit de base pour les troupes et le matériel pendant toute la campagne qui a duré trois ans. La Grèce, pays neutre, ne s’opposa pas à la venue des troupes alliées sur son sol, malgré les sympathies du roi Constantin pour le camp allemand. Plus tard, sous l’impulsion du Premier Ministre Vénizelos, favorable aux alliés, des troupes grecques les rejoindront.
 

Le 23 juin, Eugène Oudaille, arrive à Rome et le 24 juin à Tarente pour être à Itéa cinq jours plus tard. Il a dû arriver à Salonique début juillet au moment où le général Franchet d’Esperey succède au général Guillaumat. Ce dernier a réorganisé l’armée d’Orient mais son successeur aura une autre stratégie qui conduira à la victoire.

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Il n’y a que trois possibilités : la vallée de Cerna, celle du Vardar ou la montagne. L’ennemi est conscient du péril, il a réalisé dans les vallées de formidables travaux de fortification dans la profondeur. Cependant, une offensive par les vallées pourrait procurer des succès tactiques mais non stratégiques. L’offensive par la montagne est possible en utilisant les qualités naturelles des troupes serbes. Le comité de guerre interallié doit accepter ce plan très audacieux. Guillaumat va tout faire pour que le plan très complet et détaillé de l’offensive de Franchet d’Esperey soit accepté. Ce dernier l’en remercie. A la demande de Clemenceau il arrive à Londres le 2 septembre et à Rome le 9 septembre et obtient l’accord de l’Angleterre et de l’Italie.

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Le succès de l’offensive franco-serbe entamée le 15 septembre s’est transformé, aux bords du Vardar, après trois journées de bataille dans la région montagneuse en une grande victoire qui a ouvert aux troupes alliées la plaine de la Tcherna.

Le 18 septembre les divisions bulgares enfoncées sur la totalité du front d’attaque commencèrent à se replier en désordre, poursuivies de près.

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Le 22 septembre, des éléments alliés sont déjà sur la rive gauche du Vardar. La voie ferrée Uskub – Salonique étant coupée, trois trains complets et deux pièces à longue portée sur trucks y sont saisis. Démoralisées, les unités bulgares se débandent en jetant leurs armes. Alors définitivement rompues en leur centre, privées de leur voie principale de communication passant par la vallée du Vardar, toutes les armées du Tsar Ferdinand, de Monastir au lac de Doiran, cherchent leur salut dans une retraite hâtive.

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Au Nord et à l’Est de Monastir, l’ennemi pressé vivement par les forces franco-italiennes, mitraillé sans répit par les aviateurs alliés, reflue, dans un désordre indescriptible sur les routes de Kruchevo et de Prilep. Mais cette dernière direction est déjà placée sous la grave menace de l’aile gauche serbe montant de la Tcherna vers les défilés du Babouna.

L’ennemi comprend qu’une course de vitesse est engagée. Le 25 septembre, les reconnaissances aériennes confirment que des milliers d’hommes retraitent péniblement et lentement de Kitchevo à Uskub, point de passage obligé routier et ferroviaire.

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Le 4° régiment de chasseurs d’Afrique progresse par l’axe de la vallée du Vardar obligeant l’ennemi à retraiter. Un train blindé isolé recule vers Uskub où il est capturé par les cavaliers français. Le 1er octobre le détachement du général Tranié arrive à marche forcée par Velès pour relever les cavaliers. Uskub reste aux mains françaises, avec la capitulation de 75 000 soldats bulgares. La retraite de la XIème armée est désormais impossible. Le 26 septembre le général Henrys fait avancer le PC de l’AFO de Salonique à Monastir puis à Uskub à partir du 8 octobre. Franchet d’Esperey est obligé de rester à Salonique pour diriger les autres fronts, face à l’Albanie et à la Turquie mais surtout pour régler les problèmes politiques qui reviennent au premier plan.

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Le 28 septembre à 16 heures les représentants bulgares arrivent à Salonique. Ils sont conduits par Andréa Liaptcheff, ministre des Finances, accompagné du général Loukoff, commandant la deuxième armée, du ministre plénipotentiaire Radeff et de deux officiers. L’armistice est signé le 29 septembre une demi-heure avant minuit. Il doit prendre effet le 30 à midi.

La Bulgarie ne pourra pas reprendre les hostilités et sera contrainte de signer la paix. Cette défection rend intenable la situation militaire des Allemands, des Austro-Hongrois et des Turcs dans les Balkans.

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La délégation officielle turque arrive à Moudros le 26 octobre conduite par le ministre de la Marine R’ouf Bey et signe l’armistice le 30 octobre. Franchet d’Esperey, qui a été écarté des négociations, veut accomplir un geste symbolique en Turquie et décide de se rendre à Constantinople pour y faire son entrée officielle. Embarqué sur le cuirassé Patrie, il le fait stopper à l’endroit même où le cuirassé Bouvet a coulé en mars 1915, pour rendre hommage à tous les combattants des Dardanelles, tandis que la musique des équipages joue l’hymne national. Le navire poursuit sa course et relâche à Constantinople le 22 novembre. Des compagnies françaises, britanniques et turques rendent les honneurs. Franchet d’Esperey s’installe à l’ambassade, parcourt la ville et les alentours, va s’incliner sur les tombes des soldats morts pendant la guerre de Crimée. Il repart à Salonique et ne reviendra installer son PC dans la capitale turque que le 6 février 1919.

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Salonique le 2 Août 1918

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Le commissaire Oudaille sautant à la corde sous le regard amusé des militaires dans le bateau qui le conduit de Tarente au port d’Itéa.

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Carte postale sur Salonique avenue Venizelos. Elle est envoyée le 23 août 1917 à l’instituteur de Bonnat dans la Creuse par un soldat de l’armée d’Orient, du 260 ° régiment d’infanterie.

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Carte postale sur Salonique la place de la Liberté et l’entrée de la rue Venizelos

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Patrouille dans les rues de Monastir

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Les troupes franco- serbes devant Monastir

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L’artillerie franco-serbe devant Monastir

Rassemblement de l’infanterie franco-serbe devant Prilep

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Dans le col de Babouna

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Vue sur la ville de Uskub

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Le fleuve « le Valdar » à Uskub

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 Vue sur la forteresse de Uskub

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la fuite des albanais à Uskub

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La fuite des albanais à Prishtina

Ravitaillement à Nich

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Village à l’ancienne frontière entre la Serbie et la Turquie

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Vue sur la forteresse de Belgrade

A l’entrée de la forteresse de Belgrade, un vieux et un jeune soldat

Belgrade prise par les autrichiens en 1914 puis reprise par les serbes. La ville sera à nouveau occupée par les austro-allemands et reprise par les serbes en 1918

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Après le combat, des blessés turcs pendant la campagne d’Orient

Franchet d'Esperey, qui a été écarté des négociations, veut accomplir un geste symbolique en Turquie et décide de se rendre a Constantinople pour y faire son entrée officielle.

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Présence des allies à Constantinople

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