top of page

Visite en France du président Masaryk
(OCTOBRE 1923)

Tomas Garrigue Masaryk a été le premier président de la Tchécoslovaquie de 1918 à 1935.

Il est né le 7 mars 1850 en Moravie du sud, fils d’un cocher et d’une cuisinière tchèque. Il commença à travailler comme apprenti forgeron, puis, à l’âge de 15 ans, il gagne sa vie comme précepteur pour les enfants de familles riches. L’une d’entre elles, celle du directeur de la police Antoine Le Monnier, lui paye des études à l’école normale de Brno. Son baccalauréat en poche, il peut entrer en 1872 à la faculté de philosophie à Vienne. En 1882 il est nommé professeur de philosophie à l’Université Charles de Prague.

Il est élu au Reichsrat autrichien de 1891 à 1893 au sein du parti des jeunes tchèques et, de 1907 à 1914, au sein du parti réaliste qu’il avait fondé en 1900. Il n’est pas encore partisan d’une indépendance des Tchèques et des Slovaques mais pour une réforme de la monarchie Austro-Hongroise, donnant plus d’autonomie aux différents peuples.

Défenseur des droits de l’homme, Masaryk s’imposa en Autriche et à l’étranger comme une grande figure morale. Il lutta contre l’antisémitisme. En 1900, il obtient l’acquittement du juif Hilsner et en 1909, dans un procès contre des Croates et des Serbes de Croatie, il démontre qu’il s’agissait de faux documents fabriqués par le ministère des Affaires étrangères à Vienne.

Lorsque la première guerre mondiale éclate, un groupe d’hommes politiques avait créé, autour de Masaryk, un organisme clandestin, la Maffia, pour maintenir les contacts avec les pays de l’entente. Il doit fuir pour ne pas être arrêté pour trahison par les autorités Austro-Hongroises. Il quittera sa famille pour toute la durée de la guerre. Le 18 décembre 1914, Masaryk, profitant de sa situation de parlementaire, quitta l’Autriche par l’Italie et alla s’installer en Angleterre.

Le 3 septembre 1915, le jeune Edouard Benès, assistant à l’Ecole de commerce de Prague, quitta le pays avec un faux passeport et se rendit à Paris où il avait fait une partie de ses études de droit. Il fut admis dans l’ordre de la franc-maçonnerie tchèque qui était lié au Grand Orient de France.

Contrairement à la légende, Masaryk ne fut jamais maçon malgré ses liens personnels avec les milieux maçonniques à l’étranger pendant la guerre. Il fut considéré comme un frère « sans tablier ».

Le conseil national tchèque a été créé à Paris en 1915 présidé par Masaryk avec la collaboration de Benès et de l’astronome Stefanik (188O-1919). Ce dernier devient, durant la guerre, général de brigade dans l’armée française. Il se tue en avion en 1919.

Le 16 décembre 1917, Benès obtint de son ami Pichon, ministre des Affaires étrangères, la signature d’un décret portant sur la création d’une armée placée sous la direction du conseil national des pays tchèque et slovaque. Puis la France réussit à faire inscrire à la note de réponse de Wilson à l’empereur Charles une clause en faveur de l’indépendance de la Tchécoslovaquie. Enfin, l’accord sur le transport des troupes tchèques de Russie en France, est avalisé par Poincaré et Clemenceau.

Ces événements sont considérés par Edouard Benès comme « le couronnement de notre travail politique » à condition qu’une paix de compromis n’aboutisse pas et sauve ainsi la monarchie Austro-Hongroise. Il fallait empêcher que les Américains acceptent de négocier avec l’empereur Charles sur la base des quatorze points de Wilson que Vienne était prête à accepter. Cependant Budapest refuse de renoncer au système dualiste et rejette la fédéralisation qui avait la faveur de Wilson et de Lloyd Georges. Les quatorze points de Wilson n’existent plus.

En conséquence, Masaryk rédige, le 8 novembre 1918, la déclaration de l’indépendance tchécoslovaque, jour anniversaire de l’historique défaite de la Montagne-Blanche en 1620, date à laquelle la victoire écrasante des forces de la ligue catholique du Saint-Empire contre les forces du roi de Bohème, avait marqué la fin de la première période de la guerre de trente ans qui s’était terminée en 1648.

A la chute de l’empire Austro-Hongrois, les alliés reconnaissent Masaryk comme chef du gouvernement provisoire tchécoslovaque et, après adoption de la constitution, il est élu président en 1920.

 

ARRIVEE DU PRESIDENT MASARYK ET DE M. BENES A PARIS

Le 16 octobre, le président Masaryk arrive à 11 heures en gare du Bois de Boulogne qui n’est ouverte au service qu’à partir de midi. Le président de la Tchécoslovaquie est accueilli par le président de la République M. Millerand, le président du conseil, les membres du gouvernement et les présidents de Chambre et du Sénat.

Les deux présidents se dirigent immédiatement vers la sortie et prennent place dans le landau présidentiel, aux accents de la marseillaise. Les voitures se rendent directement au ministère des Affaires étrangères. Prennent place dans la deuxième voiture, M. Poincaré, président du conseil et M. Bénès, ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque, et dans la troisième Jean Masaryk, le fils du président.

A 11 heures 30, le cortège pénètre au Quai d’Orsay. La garde républicaine rend les honneurs. Le président de la République, après avoir fait à son hôte les honneurs des appartements qui lui sont réservés, regagne l’Elysée à 11 heures 45.

L’HOMMAGE AU SOLDAT INCONNU

La foule ne tarde pas à se masser en rangs profonds derrière les soldats, les membres de la colonie Tchécoslovaque de Paris se plaçant au premier rang. Chamarré de décorations et arborant en bonne place la croix de guerre tchécoslovaque, le général Gouraud attend sous l’Arc de triomphe, auprès du ministre de France à Prague, de M. Pierre de Fouquières, chef du protocole, du maréchal Foch, et du général Desticker. Le 119° régiment d’artillerie avec son drapeau et sa musique est autour de la dalle sacrée.

A 14 heures 30, un bref commandement fixe les soldats au port d’armes. Le président Masaryk arrive avec M. Bénès et le général Hoppe, chef de la mission militaire. Le maréchal Foch s’avance au-devant du président tandis que la musique joue l’hymne tchécoslovaque. Au milieu d’un silence recueilli et tandis que tous les officiers présents, dont beaucoup d’officiers tchèques qui suivent les cours de nos écoles militaires, restent immobiles et la main au képi, le président Masaryk dépose avec piété une palme de bronze cravatée aux couleurs tchécoslovaques. Il fixe du regard pendant un long moment le drapeau du 119° tout déchiqueté dans sa résille et inclinant ses plis au-dessus de la dalle ; puis avec le maréchal Foch le président passe en revue le régiment dont la musique fait retentir la marseillaise.

Comme cette revue s’achevait, tous les tchèques présents poussèrent le vibrant « Nazdar » qui est leur patriotique « Hourrah ! »

A L’HOTEL DE VILLE

A 15 heures 40, les deux présidents quittent l’Elysée pour se rendre à l’Hôtel de Ville dans des voitures escortées par un escadron de la garde républicaine.

A 16 heures les voitures pénètrent dans la cour du monument, une musique fait entendre après la sonnerie réglementaire « aux champs », l’hymne tchécoslovaque suivi de la marseillaise, que tous les assistants écoutèrent debout et découverts. Au seuil de la salle Saint-Jean, parée de sa décoration des grands jours- tapisseries, fleurs, verdure et lustres étincelants de lumière- les deux chefs d’Etat ont été accueillis par M. George Lalou président du conseil municipal.

Après les présentations ils ont été conduits en cortège dans les salons où devait avoir lieu la réception. Par le grand escalier, bordé de gardes municipaux en grande tenue, culottes blanches et plumets écarlates, dans le bruit éclatant des fanfares de trompettes, M. Masaryk et M. Millerand traversent la salle des fêtes, acclamés chaleureusement par les invités de la ville de Paris. Dans un bref et vibrant discours, M. George Lalou souhaite la bienvenue au président de la République tchécoslovaque, l’infatigable, l’irréductible partisan de la délivrance de son pays. Il a rappelé dans quels sentiments les « compagnons d’adversité de notre Alsace et de notre Lorraine étaient, avant la guerre, accueillis à Paris » Enfin il termina par ces mots « c’est à vous, Monsieur le président, qu’il devait appartenir de lancer le suprême appel et de fixer l’heure à laquelle, dans Prague à jamais délivrée, s’instituerait la République tchécoslovaque, réunissant sous un régime de liberté politique et de progrès social, deux peuples qui, depuis des siècles, subissaient toutes les oppressions »

M. Juillard, préfet de la Seine, associa l’administration communale et départementale à l’hommage rendu aux hôtes illustres de la ville de Paris. Il eut une phrase heureuse pour saluer M. Bénès, « ministre clairvoyant et ferme, dont l’influence légitime dans les conseils d’Europe, réhausse si brillamment la noble mission de la République tchécoslovaque ». Après avoir évoqué « l’enthousiaste départ et l’héroïque conduite des jeunes volontaires tchécoslovaques sur le front français » le préfet de la Seine exprima toute la joie qu’éprouvait la capitale à acclamer dans la personne du président Masaryk « le renouveau de la Bohème reconstituée et l’usage émouvant qu’elle a fait de sa liberté reconquise, en choisissant pour guide le plus illustre de ceux qui ont souffert et combattu pour elle ».

M. Masaryk, dans un français impeccable, a répondu en rappelant ses souvenirs de jeune étudiant à Prague en 1882 où le bruit de l’inauguration de l’Hôtel de Ville était parvenu. Quand il vint pour la première fois à Paris, il ressentit l’impression « de l’héritière et de la continuatrice de Rome ». Et il termina sur ces mots « je me rends compte de la continuité historique de votre évolution et de l’importance du fait que contrairement à nous, la France a toujours conservé sa liberté et son indépendance. Peut-être, est-ce précisément pour cette raison que, non seulement nous, mais tous les slaves, lèvent leurs regards vers Paris avec autant d’amour que de respect »

En souvenir de cette visite, M. Masaryk et M. Millerand ont été invités à signer le procès-verbal de cette réception et M. Lalou a remis au président Masaryk la médaille d’Or de la ville de Paris ainsi qu’un exemplaire magnifiquement relié sur l’Hôtel de Ville.

Le président Masaryk rentre au quai d’Orsay à 18 heures 30 où il reçoit les chefs de missions diplomatiques résidant à Paris.

DEUXIEME JOURNEE

Le président de la République et M. Masaryk arrivent au château de Sainte-Assise où sont installés les services de la compagnie radioélectrique. Ils sont salués par MM. Jules Cambon, ancien ambassadeur, et président du conseil d’administration de la compagnie, le général Ferrier inspecteur général des services de T.S.F de l’armée.

Un escadron de dragons rend les honneurs. M. Girardot, administrateur délégué de la compagnie expose en termes scientifiques, aux deux présidents, ce qu’ils sont appelés à voir au cours de leur visite.

Les deux chefs d’Etat, les ministres et tous les personnages qui les accompagnent pour se rendent aux postes d’émission situés à 2 kilomètres du château. Les pylônes reliant les antennes semblent de gigantesques harpes dont les vibrations électriques sont entendues du monde entier. Le commandant Brenot, directeur technique, fait aux présidents les honneurs des prodigieuses machineries annoncées par M. Girardot.

M. Millerand envoie un message au monde entier : « En venant visiter avec son excellence le président de la république Tchécoslovaque le grand centre de Sainte-Assise, le président de la République française est heureux d’adresser à toutes les nations alliées et amies de la France et en particulier à la noble nation tchécoslovaque, l’expression de la profonde sympathie et de l’amitié inébranlable du gouvernement et du peuple français. Le centre de Sainte-Assise mettant la France en communication radiotélégraphique directe avec tous les points du monde, le président de la République française forme le souhait que les ondes lancées par Sainte-Assise soient toujours des messagères de paix et des ouvrières de collaboration fraternelle entre tous les peuples ».

Sous une tente, un vin d’honneur est servi aux deux chefs d’Etat. Le général Ferrier prononce un discours. Il expose à ses auditeurs de marque les développements merveilleux de la science nouvelle dont il souligne l’utilité nationale. M. Masaryk ne cache pas l’intérêt qu’il prend aux explications du général. Les deux présidents montent ensuite dans l’automobile portant à l’avant le fanion tricolore. Ils regagnent Paris, vivement acclamés par les habitants des cités traversées.

 

A L’INSTITUT DES ETUDES SLAVES

Les deux présidents se sont retrouvés à la légation Tchécoslovaque où M. Masaryk offrait un grand déjeuner diplomatique. Après le déjeuner, les deux présidents se rendirent à l’institut des études slaves, rue Michelet, près du jardin du Luxembourg. En mémoire d’Ernest Denis, grand ami et défenseur des Tchèques, le gouvernement tchécoslovaque a voté un don d’un million qui fut affecté à la fondation de cet institut.

Les deux présidents et leurs suites sont reçus par MM. Paul Appel, recteur de l’université, Antoine Meillet, président de l’institut et Mme Ernest Denis. Ils se rendent dans la grande salle du cercle où sont réunis les étudiants des diverses nationalités slaves qui sont présentaient aux deux hommes d’Etat.

Le cortège se dirige vers la bibliothèque où M. Meillet rend un émouvant hommage à son confrère Ernest Denis, le fondateur de l’Institut. Le recteur, M. Paul Appel dit ensuite combien l’Université de Paris est heureuse de pouvoir inaugurer le nouvel Institut en présence de ses créateurs : M. Masaryk, l’homme dont toute la vie, aussi bien dans l’action publique que dans la recherche scientifique, a été consacrée à la défense de la morale et de la vérité et M. Benès, auteur de tant de beaux travaux, les deux fondateurs de l’Etablissement.

Il termine en rappelant que ces deux éminents hommes d’Etat sont aussi d’illustres professeurs, docteurs « honoris Causa » de notre vieille université.

M. Masaryk répond par un magistral exposé du développement de la civilisation dans l’Europe centrale.

« L’Allemagne, elle aussi, a appartenu à ce groupe européen de civilisation, notamment au moyen âge. Mais de nos jours, elle s’en est de plus en plus écartée par sa culture et elle a fini par s’isoler. Agressif dès son origine, l’Etat Prussien domina l’Allemagne. Sans doute ce qu’on nomme l’étatisme, a aussi exercé une sensible influence en occident, mais en occident, l’Etat devient l’organe du parlement et de l’opinion publique, tandis qu’en Allemagne, il devient une divinité dont tous acceptent le commandement absolu.

Les alliés, dans la dernière guerre, ont défendu, contre le pangermaniste, « la cause de la vraie civilisation, de l’humanité ». Et il termine très applaudi : « l’occident et l’occidentalisme ont fait leurs preuves dans la guerre. Les Allemands et les Autrichiens ont été vaincus par l’occident. La victoire n’a pas été seulement celle des soldats mais aussi celle de la culture et il ne restera aux Allemands que de se rallier aux idées dirigeantes de l’occident les meilleurs d’entre eux le reconnaissent aujourd’hui ».

Le soir, M. Poincaré a offert un diner en l’honneur de M. Masaryk et de M. Millerand. Le président était accompagné de M. Benès et des membres de sa suite ainsi que de M. Osuky, ministre de Tchécoslovaquie à Paris et des personnes de sa délégation.

DERNIERE JOURNEE

Le président de la République Tchécoslovaque, en présence de M. Millerand et du maréchal Foch, a assisté à la fin de son séjour à de grandioses démonstrations militaires dans un but de démonstration du plus récent matériel nécessaire aux nouvelles méthodes de sécurité militaire. Le choix d’un pareil programme remplace utilement les parades d’autrefois.

Les deux présidents, accompagnés de M. Maginot, ministre de la Guerre, du maréchal Foch, du général Gouraud et d’une nombreuse suite ont quitté Paris à 10 heures par train spécial. Après avoir déjeuné dans le wagon-restaurant. Ils sont arrivés à 12 heures 30 à Mourmelon-le-Petit dans la petite gare, très bien décorée et pavoisée. Devant la gare une compagnie du 106° régiment d’infanterie rend les honneurs et, tout près de là, une batterie d’artillerie tire des salves réglementaires.

En automobile, les deux présidents et leurs suites se rendent d’abord par Bouy au centre du camp de Chalons pour examiner une batterie de canons de 220 long. Les pièces, énormes sur leurs tracteurs, sont en position de tir et, au signal, elles tirent quelques salves sur un objectif situé dans le camp de Tahure, à une distance de 18 km. Avant le tir, un soldat a distribué du coton pour que chacun puisse se protéger les oreilles ; sage protection contre le choc et le bruit causé par chaque « départ » des gros obtus.

Les exercices de tire terminés, le cortège présidentiel se rend au terrain d’aviation situé entre Mourmelon-le-Grand et Bouy. Les avions sont rangés dans un ordre parfait. Une escadrille tchécoslovaque arrivée le matin, a rejoint trois groupes de bombardement et deux groupes de chasse, en tout une centaine d’appareils. A un signal, tous ces avions prennent leur vol, escadrille par escadrille, avec une régularité et une précision admirable et bientôt un véritable essaim d’oiseaux mécaniques tourbillonne dans le ciel et disparait au nord-est vers Tahure.

De nouveau le cortège se reforme et se rend à Mourmelon-le-Grand, Saint-Hilaire-le-grand et Suippes à la cote 204 d’où l’on va assister à toute une série d’exercices. Un groupe effectue un bombardement avec des bombes de guerre. Puis les autres groupes de bombardement et l’escadrille tchécoslovaque défilent dans le ciel bientôt rejoint par les escadrilles de chasse qui avec une grande audace simulent une attaque aérienne. Tandis qu’une batterie anti-aérienne de 75 qui vient d’arriver, s’installe à proximité pour effectuer des tirs contre les avions.

Le maréchal Foch s’entretient avec le président Masaryk et M. Benès. Il leur a fait une véritable conférence sur la situation militaire de l’Europe et tous ceux qui sont là peuvent entendre sa conclusion :

« La terre tchèque est libérée, mais ses oppresseurs d’hier la menacent toujours et elle n’assurera sa sécurité qu’en se tenant en état de défense permanent et en s’appuyant sur les nations occidentales qui représentent les mêmes principes libéraux que les siens ». Les canons anti-aériens crachent encore quelques obus.

Au moment où la revue se termine, un commandement retentit « ouvrez le ban ! ». Les clairons sonnent et deux officiers aviateurs tchéques s’avancent, M. Millerand les décore de la croix de la légion d’Honneur ; le président Masaryk vient leur serrer la main en les félicitant.

Le programme comportant encore une attaque de chars de combat exécutée par un bataillon de chars de combat, un bataillon de chars légers et une compagnie de chars 2 C.

Ce dernier exercice nécessite que seuls les deux présidents, MM. Benès, Maginot, et les généraux Buat, Gouraud et Lasson puissent s’approcher des chars, nouveau modèle de 70 tonnes soumis au secret de la défense nationale. Un général, trop curieusement pressé, doit opérer un demi-tour pour rejoindre le groupe maintenu à distance.

L’attaque des tanks commence. Une centaine de tanks évoluent dans un terrain raviné et creusé de profondes tranchées. Les mitrailleuses crépitent, les obus lancent des gerbes de fumée blanche. Les quatre tanks géants 2 C se mettent en marche, formidables avec leur tourelle d’où sort le tube de gros canon.

A 15 heures 30 les exercices militaires étaient terminés. Par Perthe-les-Hurlus, le Mesnil, la ferme Beauséjour et Warguemoulin, région que de terribles luttes ont tragiquement rendu célèbre, le cortège officiel vient retrouver dans la petite gare de Somme Tourbe, le train officiel qui, à 16 heures 20, se mit en marche pour reconduire les deux présidents à Paris.

M. Masaryk a quitté Paris hier à 23 heures pour Bruxelles. Il a été salué sur le quai par M. Poincaré.

L’EVOLUTION DE LA SITUATION DE LA TCHECOSLOVAQUIE APRES 1923

Masaryk est réélu en 1928 et en 1934, faute de candidat. Il démissionne le 14 décembre 1935 lorsque Benès accepte d’être son successeur. Masaryk meurt le 14 septembre 1937 à la suite d’une attaque cérébrale en 1934 qui l’avait fortement affaibli.

Son fils Jan Masaryk est nommé ministre des Affaires étrangères lors de l’exil du gouvernement tchèque à Londres (1939-1945). Il le restera dans le gouvernement pré-communiste (1945-1948). Le 10 mars 1948, il fut retrouvé mort au pied du palais Cernin sans que l’on sache s’il s’agissait d’un suicide ou d’un meurtre.

Le 5 octobre 1938, Benès démissionne et prend le chemin des Etats-Unis. En octobre 1938 les Sudètes sont annexées par l’Allemagne. En novembre 1938, le sud de la Slovaquie et le sud de la Ruthénie sont annexés par la Hongrie. En mars 1939, le pays tchèque formant le protectorat de Bohême-Moravie est incorporé au Reich. En 1942 la Slovaquie forme un Etat. En 1945 les frontières de l’entre-deux-guerres ont été rétablies.

En 1945, Benès revient au pouvoir. Aux élections de 1946 les communistes arrivent en tête aux législatives et municipales et avec les sociaux-démocrates ils disposent de la majorité absolue. Benès démissionne le 2 juin 1948. Gottwald est élu président et donne l’ordre à l’archevêque de Prague de célébrer en son honneur un Te Deum. Benès décède le 3 septembre 1948.

A partir de 1969 les pays de l’ex-couronne de Bohême forment la République socialiste tchèque qui deviendra la République tchèque. En 1969 les frontières slovaques de l’entre-deux-guerres ont été rétablies et les pays slovaques forment la République socialiste slovaque qui deviendra la République slovaque.

Arrivée à Paris

1.jpg
2.jpg

La délégation tchécoslovaque, l’armée et la foule attendent l’arrivée du président Masaryk

3.jpg

le président Millerand et le président Masaryk montent dans le landau à la gare du Bois de Boulogne

4.jpg
5.jpg

Le landau se dirige vers le quai d’Orsay, les deux présidents font face aux généraux Lasson et Hergault

6.jpg

Réception à l’hôtel de ville

A la fin de son séjour, de grandioses démonstrations militaires

Au camp de Châlons

7.jpg
8.jpg

une batterie de canons de 220 long

9.jpg

Distribution de coton pour que chacun puisse se protéger les oreilles.

Entre Mourmelon-le-Grand et Bouy

Au terrain d’aviation le cortège devant les avions de gauche à droite, le maréchal Foch, M. Benès ministre des Affaires étrangères, le président Masaryk, M. Maginot ministre de la Guerre.

10.jpg

A Mourmelon-le-Grand, Saint-Hilaire-le-Grand et Swipes

11.jpg

Les troupes rendent les honneurs au président Millerand et au président Masaryk.

12.jpg

Le maréchal Foch raconte au président Masaryk et à M. Benès l’attaque des tanks. De gauche à droite M. Millerand, M. Maginot, M. Masaryk, M. Benès et le maréchal Foch.

13.jpg
14.jpg

Le président Millerand décore de la légion d’honneur un aviateur tchécoslovaque.

bottom of page