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Séparation des Eglises et de l’Etat –
Les inventaires (juillet - mai 1906)

La loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 et un décret du 29 décembre 1905 ont prévu l’inventaire des biens des Eglises, essentiellement l’Eglise catholique puisque 95 % de la population française à l’époque était baptisée dans la religion catholique. Cette loi prévoyait la dévolution des biens servant au culte à des associations cultuelles définies dans l’article 4. Dans les cas d’impossibilité de cette dévolution les biens étaient saisis et vendus.

Le Pape Pie X, le 11 février 1906 condamne solennellement la rupture du pacte concordataire et ses conséquences. Il appelle le clergé et les fidèles à l’union dans l’action et temporise sur l’action du peuple chrétien : «   Nous sommes fermement résolus à vous adresser en temps opportun des instructions pratiques, pour qu’elles vous soient une règle de conduite sûre au milieu des grandes difficultés de l’heure présente » 

Le journal « la Croix » du 9 février, rend compte d’une conférence à Saint-Roch sur « Le cas de conscience » réservé au clergé. Elle est présidée par François Ferdinand Richard de la Vergne, Cardinal-Archevêque de Paris, de 1886 à sa mort en 1908. Pendant cette conférence il rappelle les instructions officielles envoyées par lui aux curés et qu’il résume en deux mots « protestation et attitude passive ». Il ajoute être heureux de voir les fidèles exprimer leur foi et leur dévouement à l’Eglise mais que des manifestations devaient toujours avoir lieu dans l’ordre et la soumission à l’autorité des pasteurs. 

A Paris et en Province, les incidents ont été nombreux, de début février à la mi-avril 1906, entrainant des atteintes aux personnes plus ou moins graves, des dégâts aux biens, des actes sacrilèges.

Dans le journal « la Croix » du 15 février, un article est consacré à la situation à Cherbourg. L’inventaire des églises de la Trinité, de Saint Clément, et de Notre Dame du Roule est fixé le même jour à la même heure à 7 heures du matin. On cherche ainsi à éviter des manifestations comme celles qui se produisit pour l’inventaire de Notre Dame du Vœu dans une commune rattachée à Cherbourg où les fidèles organisèrent une superbe résistance. A Clitourps, la population s’enferme dans l’église. La municipalité socialiste de Cherbourg fait placarder un appel hypocrite à la population, l’invitant au calme. Des affiches très énergiques, placardées, en réponse par les soins du comité catholique et du groupe de défense sociale, obtinrent, à la sortie à midi des ouvriers, le plus grand succès.

Des brigades de gendarmerie ainsi que plusieurs compagnies de régiments casernés dans la région, seront mobilisées, des « colonnes volantes » de 50 à 200 hommes sous les ordres d’un commissaire de police. 

M. Oudaille a dû exercer ses fonctions de commissaire spécial pour les Inventaires. 

A l’occasion de son départ de Cherbourg, le journal de la Manche et de la Basse Normandie du 30 décembre 1911, publie un article sur les quatorze ans du commissaire Oudaille à Cherbourg. A propos des inventaires il écrit « M. Oudaille fut aussi l’exécuteur de la loi de séparation, il s’en tira avec un tact apprécié ». Dans le même journal du 13 janvier1912, le rôle positif d’Eugène Oudaille est à nouveau évoqué : « par ses fonctions il fut chargé de la campagne des inventaires dans le département. Nombreuses furent les fermetures d’établissements religieux et des presbytères auxquelles il procéda, M. Oudaille ne fut que le bras qui exécute, d’autres mirent moins de tact et de correction à l’exécution de mesures dont les responsables sont les parlementaires et le gouvernement. Nous avons vu à Cherbourg des fonctionnaires catholiques pratiquants, pliant aux ordres reçus, pratiquer l’inventaire de nos églises. La tâche a dû leur paraître plus dure à ceux-là et cependant ils l’ont remplie »

Le ministre de l’intérieur Georges Clemenceau, adresse, le 16 mars 1906, une circulaire confidentielle aux préfets en les invitant à suspendre les opérations d’inventaire dans les cas où elles doivent se faire de force. Il déclare à la chambre « nous trouvons que la question de savoir si l’on comptera ou ne comptera pas des chandeliers dans une église ne vaut pas une vie humaine » quand il ne reste que 5 000 sanctuaires sur 68 000 à inventorier. 

En décembre 1906 la commission parlementaire doit déposer un rapport pour que la loi de séparation entre en vigueur. Le journal « la Croix » résumant la position prise par l’archevêque d’Albi dans ce moment critique déclare à ses lecteurs « si, il est un point qui doive être placé au-dessus de toute contestation après les ordres de sa sainteté et les instructions de Monseigneur l’archevêque, c’est l’obligation qui nous est faite de rester dans les églises et d’y continuer sans interruption la célébration du culte Divin » 

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Une porte de l’église a été forcée

Une concertation des autorités pour des inventaires dans les églises de Cherbourg. On peut apercevoir en arrière-plan la statue de Napoléon 1er qui fit réaliser des travaux maritimes colossaux dans le port de Cherbourg. 

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Devant une église on constate la présence de nombreuses personnes, à la fois militaires et civiles, lors d’un inventaire.

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