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Le président Poincaré reçu par le roi George V
à Londres (fin juin 1913)

A l’occasion du voyage du président Poincaré à Londres, le Figaro du 23 juin 1913, souligne le sens historique de cet événement.

« Il y a un peu plus de dix ans, écrit l’Observer, que le roi Edouard VII reçut pour la première fois dans l’histoire un président de la République française sur le sol britannique. Cet événement a marqué une date décisive dans l’orientation des puissances européennes. C’était la fin d’une longue période de rivalités, de luttes, de jalousies.

Depuis cette époque, la nation britannique a eu l’occasion de faire l’accueil que l’on sait à M. Fallières, aujourd’hui elle acclamera son distingué successeur M. Poincaré.

La France est unie à l’Angleterre et à la Russie, non par antagonisme à une autre puissance, mais afin de sauvegarder les droits de tous les peuples »

Le lecteur comprendra que l’auteur de l’article n’a pas souhaité écrire que le risque de guerre venait principalement de l’existence, depuis 1882, de la Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie).

Dans la dépêche de Cherbourg du 18 juin, le journaliste, bien qu'il n'adhère pas l'union national de Poincaré, se félicite de l'invitation du roi George V compte tenu de l’importance pour la France de l’entente cordiale qui s’impose dans ces circonstances difficiles.

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Arrivée en gare de Cherbourg à 5 heures 16 de l’après-midi. Le président est entouré à sa droite du député-maire M. Mahieu et à sa gauche du préfet de Saint- Lô. Une compagnie du 25° rangée sur le quai rend les honneurs pendant qu’éclatent les premiers coups de la salve qui devait devenir si tragique et dont le président aura connaissance seulement à la fin des discours à l’Hôtel de Ville.  

Puis il gagne le grand salon, où M. Mahieu lui présente trois jeunes filles qui offrent de magnifiques gerbes au Président au nom du Collège de filles, de l’Ecole pratique et des écoles communales. C’est maintenant le tour des lorrains, d’offrir des fleurs au nom des lorrains de Cherbourg venus ici pour saluer et acclamer le plus illustre de leur compatriote. Il passe la gerbe à un valet de pied mais garde à la main un tout petit bouquet de pensées, la fleur de Bar-le-Duc, la fleur du pays natal du Président.

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Le départ pour l’Hôtel de Ville – Il monte dans le landau présidentiel que tirent 6 chevaux d’artillerie. Lorsque la musique du 25° régiment attaque la Marseillaise, le Président, tête nue, reste debout ayant à ses côtés M. Pichon, ministre des Affaires étrangères, en costume diplomatique, le général Beaudemoulin et M. Mahieu.

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Le landau présidentiel se dirige vers l’Hôtel de Ville. Sur tout le parcours, acclamations incessantes, place du Château, rue de la Fontaine, les Vive Poincaré retentissent vibrants ; le président salue sans relâche. 

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Place de la Fontaine on a dressé une sorte d’autel républicain avec une superbe Marianne. 

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Après les discours du député- maire et du président, arrive à l’Hôtel de ville la nouvelle de la catastrophe du Roule, M. Baudin part aux nouvelles. Avant de repartir pour Paris le lendemain matin, sa première visite a été pour les blessés de l’Hôpital maritime. 

M. Poincaré se rend sur le balcon de l’Hôtel de Ville entouré de MM. Pichon, Klotz, ministre de l’Intérieur et Mahieu. Les enfants des écoles dirigés par M. Bonnet et accompagnés par la musique coloniale, chantent trois strophes de la Marseillaise et quelques strophes de Sambre et Meuse. 

Le président et les personnages officiels remontent rapidement en voiture, et toujours au milieu des acclamations, le cortège se met en route vers l’arsenal. Du monde en masse place Napoléon où se dresse la statue de Napoléon 1er que le landau présidentiel dépasse. 

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Le cortège entre dans l’arsenal, où une compagnie de marins rend les honneurs, et arrive à l’embarcadère. Sur le trottoir face au quai Sané, les officiers qui ne sont pas chefs de service se sont rangés et saluent le Président. Sur une autre ligne se trouvent les officiers généraux du port et tous les chefs de service. L’amiral Le Pord les présente au président. 

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Une dernière Marseillaise et le chef de l’Etat suivi des ministres et de l’amiral Le Pord, descend l’escalier du quai Sané, recouvert de tapis. Puis s’embarque sur la vedette du préfet maritime. 

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Quelques secondes après, le canot file vers la rade, les marins poussent les cris réglementaires de « Vive la République ! », l’escadre arbore le grand pavois, les salves retentissent. 

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Vue générale sur le Courbet escorté des croiseurs Gloire, Marseillaise et Condé ainsi que des escadrilles de torpilleurs et de contre torpilleurs. 

Le Président aussitôt arrivé, passe en revue la garde d’honneur. Puis il s’est rendu dans l’appartement qui lui a été réservé. Le soir un dîner a eu lieu à bord ; y assistaient le président, les ministres, le préfet maritime, les parlementaires, le maire de Cherbourg. 

Le lendemain matin à midi, avant de débarquer à l’arsenal de Portsmouth avec le reste de la flotte, le Président aura passé en revue la flotte britannique de la Manche dans la belle rade de Spithead. En débarquant du Courbet, le Président sera salué par le prince de Galles et les membres de la mission anglaise attachée à sa personne ainsi que par le lord-maire et la municipalité de Portsmouth.

Le Président de la République sera à Londres à 15 heures 30.

Les amis de M. Poincaré ont constaté que le séjour de l’Elysée le faisait engraisser ; il est probable qu’ à Londres il maigrira. Les Anglais, pour lui prouver leur sympathie, lui ont organisé trois journées de réceptions et de fêtes qui seront les plus éprouvantes de son existence laborieuse.  Il arrivera à 6 heures du soir à Londres, à la gare de Victoria, où il sera reçu par le roi, les hauts fonctionnaires de la Couronne, le lord-maire et les membres de la corporation de la cité de Londres. Il sera conduit à St-James où des appartements lui ont été réservés ; Il rendra ensuite visite à la reine Marie et à la reine douairière Alexandra, ainsi qu’au duc de Connaught. 

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Après son arrivée à la gare Victoria, M. Poincaré prend place dans le landau royal avec le roi George V. 

Après avoir reçu à l’ambassade de France les membres de la colonie française qui lui seront présentés par l’ambassadeur M. Paul Cambon, le président assistera au dîner de gala qu’offrent en son honneur à Buckingham Palace le roi et la reine d’Angleterre et qui sera servi dans la fameuse vaisselle d’or de Windsor. La matinée du lendemain sera consacrée à la visite de l’hôpital et des œuvres françaises de Londres, et à la réception au palais de St James du corps diplomatique. Le président accompagné du roi se rendra ensuite au Guildhall, où le lord-maire lui remettra, renfermée dans un coffret en or massif, une adresse écrite sur parchemin. 

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Le landau qui se dirige vers l’entrée de Buckingham passe devant le Victoria Memorial, œuvre de Thomas Brock. 

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L’arrivée du président Poincaré à Buckingham Palace pour le dîner de gala. 

Le Guildhall est le seul édifice médiéval non religieux dans la cité de Londres, construit entre 1411 et 1440. Il fut le siège commun des guildes, « les vénérables compagnies » qui dirigèrent la cité. L’édifice est toujours utilisé pour certaines cérémonies et comme centre administratif de la city et de sa corporation. 

Au centre de la photo le lord-maire et à sa gauche lady Mayoress en compagnie des autorités militaires et civiles   de la cité de Londres, qui attendent l’arrivée du président de la République française et du roi George V.

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C’est une coutume désormais établie, le président de la République reçu à Londres doit aller déposer une couronne sur la tombe de la reine Victoria à Windsor. M. Poincaré a pris le train à la gare de Paddington et arrive à Windsor à 9 heures et demie. 

La veille, dans son allocution au Guildhall, le président a rappelé la part prépondérante prise par le roi Edouard VII à la préparation de l’entente cordiale. Reçu à la porte du château de Windsor par le duc d’Argyll, M. Poincaré a d’abord gagné la crypte de la chapelle St George pour déposer sur la tombe du roi défunt une couronne d’orchidées blanche et mauves. 

Puis il a visité les grands appartements royaux où chacun des conservateurs a sorti pour la circonstance les pièces les plus rares de sa collection. Après avoir remercié le gouverneur et les conservateurs, le Président est remonté en voiture et suivi par son escorte s’est rendu à travers les bois du château au mausolée de Frogmore.  Le président de la République a déposé sur la sépulture de la reine Victoria une couronne d’orchidées mauves, jaunes, et blanches. 

A son retour, à midi, une foule l’attendait à la gare de Paddington et lui a fait une nouvelle ovation. 

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Le président de la République en landau et son escorte à Windsor. 

Le roi George V et le prince de Galles dans le landau royal lors de la visite du président de la République française 

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A Londres, dans un landau M. Poincaré et à ses côtés M. Alfred Mollard, chef du protocole et introducteur des ambassadeurs de 1902 à 1913. 

Le 27 juin le président et sa suite, à la gare Victoria, ont  la surprise de découvrir que le roi George V, accompagné du prince de Galles, sont  présents pour le saluer au moment de son départ contrairement au protocole. Arrivé à Douvres le président embarque sur le Pas de Calais à 12 heures 10 à destination de Calais. 

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