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Le président Poincaré assiste à une revue navale à Toulon (début juin 1913)

(Journal le Matin du 8 juin 1913) Toulon a fait un accueil enthousiaste à M. Poincaré. Le train présidentiel est arrivé en gare à huit heures. Le général Armand Mercier-Milon commandant le 13ème corps d’armée, accompagnait le président depuis Marseille. Les troupes de la garnison sont échelonnées, tout le long du parcours que devra suivre le président pour se rendre à l’Hôtel de Ville : le 111° d’infanterie, les marins des équipages de la flotte, les 4° et 8° régiments d’infanterie coloniale, l’artillerie de campagne et l’artillerie coloniale. A ces troupes s’était joint le 11° régiment de chasseurs alpins venu de Menton. 

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La batterie de Gardanne a tiré les 101 coups de canon réglementaires. A sa descente du train, le président, est accompagné d’Eugène Etienne, ministre de la Guerre et de Pierre Baudin, ministre de la Marine. Le maire de Toulon, M. Micholet, accueille le président Poincaré, il vient d’être réélu le 19 mai 1912 et le restera jusqu’en décembre 1919, après avoir été une première fois maire de Toulon de 1900 à 1904. Sont présents également le préfet, les sous-préfets, le préfet maritime, des contres amiraux, des élus de la région, députés, sénateurs, et le président du conseil général du Var.

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La gare est magnifiquement décorée. Le cortège officiel qui est imposant se compose de quarante-cinq voitures. Il se met en marche aussitôt. Les troupes rendent les honneurs, sous le commandement du général de division Perreaux, chef de la 3ième division d’infanterie coloniale. 

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Toutes les musiques militaires, auxquelles se sont jointes de nombreuses musiques civiles, jouent la Marseillaise. Une foule enthousiaste acclame M. Poincaré et les vivats se renouvellent chaleureusement tout le long du parcours. On crie « vive la République ! vive l’armée ! ». 

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A 8 heures 30, le cortège arrive à l’hôtel de ville brillamment pavoisé. M. Micholet présente au président les vingt-deux membres de la majorité républicaine du conseil municipal. Les membres de la minorité socialiste n’assistaient pas à la réception. 

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C’est l’instant des discours. M. Micholet est le premier à prendre la parole. Après avoir exprimé les compliments d’usage, il se félicite des efforts du président « pour faire prévaloir les idées de paix qu’au nom de la France il apporte dans les graves conversations avec les nations ».  

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Après avoir évoqué le souvenir des hôtes illustres qui honorèrent de leur visite le vieil hôtel de ville, M. Micholet appelle la bienveillante attention de M. Poincaré sur la situation de Toulon « qui voudrait rompre dit-il, sa ceinture de remparts pour se développer, et sollicite le transfert des fortifications, sur les collines dont la ville est entourée » Le maire de Toulon parle des travaux qui restent à accomplir pour assurer complétement l’assainissement de la ville. Il demande au président d’appeler, sur ces divers projets, l’attention des membres du gouvernement. 

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Après avoir exprimé son regret que la visite présidentielle doive être si brève, il adresse enfin un salut au ministre de la Guerre et au ministre de la Marine et termine par le cri « vive la République ! »

M. Poincaré prend la parole à son tour. 

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Après les remerciements d’usage, il déclare « je n’ai entrepris ce rapide voyage que dans le dessein de saluer, notre armée navale, je ne me serais pas pardonné de traverser à la hâte et à la dérobée une ville dont les destinées sont indissolublement liées à celles de la marine. 

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J’ai soigneusement enregistré, monsieur le maire, les vœux que vous formez au nom de vos administrés. Le gouvernement les examinera, j’en suis sûr, avec le vif désir de concilier votre vaste programme d’améliorations urbaines et les nécessités sacrées de la défense. Une commune active et prospère, qui inspire le souci de l’hygiène et qui réclame plus d’espace, d’air et de lumière, est toujours digne d’attirer sur elle la sollicitude des pouvoirs publics ».

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Le président insiste sur l’importance des servitudes militaires qui pèsent sur la ville, place forte et port de guerre. Le spectacle des progrès accomplis dans la marine et dans l’armée leur permet d’entrevoir les ravages que, dans une guerre entre grandes nations, feraient les formidables engins inventés tous les jours par la science humaine. 

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Notre démocratie a clairement prouvé au monde, la sincérité de ses intentions pacifiques ; et depuis le début de la crise orientale, la diplomatie française sans rien sacrifier de nos intérêts ou de notre dignité nationale s’est utilement employée, d’accord avec nos amis et nos alliés, à préparer, à maintenir et à féconder l’entente européenne. Je suis heureux de me rappeler aujourd’hui qu’en des circonstances difficiles, la population Toulonnaise n’a cessé de soutenir de son approbation et de ses encouragements la politique extérieure de la République. 

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A plusieurs reprises le discours du président est interrompu par de chaleureux applaudissements. Une véritable ovation lui est faite lorsqu’il fait allusion à l’entente européenne et exalte le patriotisme grave et réfléchi des Toulonnais. La péroraison des discours est accueillie par les cris de « vive Poincaré ! vive la République »

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M. Poincaré quitte l’hôtel de ville par la grande porte ornée des cariatides de Puget. Lorsque le président apparait sur le carré du port, les officiers de réserve et de territoriale des armées de terre et de mer, les membres des sociétés de boy-scouts et de gymnastique forment la haie d’honneur le long du bref parcours qui sépare l’hôtel de ville de l’embarcadère.

 

M. Poincaré s’est rendu à l’Arsenal de la marine nationale, le port de guerre de l’empire colonial. Le passage de Georges Leygues au ministère de la marine sera décisif. Il est nommé ministre de la Marine par Clémenceau le 6 novembre 1917 et le restera jusqu’au 20 novembre 1920. La fonction essentielle de l’Arsenal n’est plus la construction mais l’entretien d’une puissante flotte. 

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l’attente de l’arrivée du président à la gare de Toulon, au premier plan sur la droite le commissaire Oudaille.

l’arrivée du président qui prend place dans la voiture présidentielle, à la gare de Toulon, à sa gauche le ministre de la Guerre, Eugène Etienne et en face du président le ministre de la Marine, Pierre Baudin.

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le cortège se rend à l’hôtel de ville.

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l’attente devant la porte de l’hôtel de ville du président, on remarque les cariatides de Pierre Puget (1620-1694) peintre, sculpteur, architecte français. De 1656 à 1657 il exécuta le fameux portique de l’hôtel de ville de Toulon. 

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la sortie de l’hôtel de ville à droite on distingue le haut de forme à la main, le commissaire Oudaille. 

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la sortie de l’hôtel de ville avec les personnalités de la suite du président. 

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le président se rend à l’Arsenal.

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le président quitte l’Arsenal de la marine nationale. 

M. Poincaré prend place à bord de la chaloupe du préfet maritime. Les ministres l’accompagnent, ainsi que le vice-amiral Jean Bellue, préfet maritime de Bizerte (Tunisie) et le contre-amiral Bertrand Sourrieu, commandant la division navale à laquelle appartient le cuirassé « Jules Michelet » 

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Dans une autre chaloupe prennent place les députés et les sénateurs et le général Mercier-Milon. Il est 9 heures, les quais sont noirs de monde. 

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A 9 heures 15, le « jules Michelet » suivi du paquebot de la Cie Transatlantique le « Carthage » qui a été mis à la disposition des membres du Parlement et de la Presse, se dirigent vers la haute mer. Tous les bâtiments tirent des salves réglementaires. Au moment où la vedette qui portait M. Poincaré, les ministres de la Guerre et de la Marine, accoste le « Jules Michelet », le cuirassé hisse le pavillon présidentiel, salué de 21 coups de canon. 

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A 9 heures 17, le « Jules Michelet » appareille. M. Poincaré est monté sur la passerelle supérieure arrière, ayant à ses côtés MM Etienne et Baudin, le vice-amiral Pierre Ange Le Bris, ainsi que les contres amiraux Bertrand Sourrieu et Gabriel Darrieus. 

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Le vice-amiral Le bris a un rôle majeur dans les conversations navales Franco-Britanniques, relatives à la coopération des escadres en Manche et en Méditerranée. 

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Le contre-amiral Sourrieu est major général du   5ième Arrondissement maritime à Toulon. 

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Le contre-amiral Darrieus enseigne la stratégie et la tactique à l’école supérieure de la marine. Il est l’inventeur de plusieurs innovations dont une torpille et un nouveau plan de moteur pour sous-marin. 

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la chaloupe présidentielle.

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à bord de la chaloupe du préfet maritime de gauche à droite, M. Poincaré, le ministre de la Marine, le ministre de la Guerre, le vice-amiral Bellue et de face avec une barbe importante, le chef du protocole de l’Elysée M. Mollard. 

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tête nue sur la chaloupe, le président ; de gauche à droite, le président, les ministres Etienne et Baudin. 

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le commissaire Oudaille coiffé du haut de forme 

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sur la passerelle supérieure arrière du Jules Michelet M. Poincaré, MM Etienne et Baudin et le vice-amiral Le Bris. 

sur le pont du Jules Michelet de gauche à droite, M. Baudin, M. Poincaré, M. Etienne.

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LES MANŒUVRES NAVALES

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La France, traditionnelle rivale de la Grande Bretagne, avait fait une pause dans la construction navale durant les années 1880 sous l’influence de la jeune école qui privilégiait les torpilleurs aux cuirassés. C’est la France qui souffrit le plus de la révolution HMS Dreadnought car quatre navires de la classe Liberté étaient encore en construction lors de l’arrivée du HMS Dreadnought et six cuirassés de la classe Danton ne furent lancés qu’en 1909. 

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M. Gaston Thomson, ministre de la Marine de 1905 à 1908, rappelait au journaliste qu’il avait dut batailler ferme avec le Parlement pour obtenir la construction de nos premiers Dreadnoughts. Aussi il se félicitait que les six Dantons constituent de merveilleux instruments de combat, souplesse de manœuvres et supériorité de leur artillerie qui permet de tirer par tous les temps grâce à la grande hauteur de commandement. 

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A dix heures et demie le Jules Michelet et le Carthage qui portent les invités arrivent à hauteur des gros cuirassés qui sont rangés sur deux lignes.

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A droite, cinq cuirassés Dreadnoughts de classe Danton (1909), un cuirassé classe Danton (1910)   et deux croiseurs. 

A gauche, deux dreadnoughts de classe république et trois dreadnoughts de classe liberté, plus trois cuirassés plus anciens, de classe charlemagne. 

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L’amiral Boué de Lapeyrère à son pavillon sur le Voltaire. L’amiral de Marolles est sur la Patrie. Les deux lignes sont à intervalle de 1 mile et c’est un spectacle impressionnant que celui donné par ses 18 bâtiments les plus beaux de la marine française et autour desquels se groupent cinq escadrilles de contre-torpilleurs et torpilleurs, des submersibles et des mouilleurs de mines. 

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Alors un incident à la fois agaçant et comique se produit. Une barque italienne gréée en Brick a croisé la route de l’armée. Toute la puissance navale de la France n’a pas altéré la sérénité de cette barque de quatre sous qui s’en va paisible au milieu d’une escadre française. Mais le code international la protège « quand un navire à vapeur coupe la route d’un navire à voiles, le navire à vapeur doit se déranger dans tous les cas »

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Le Jules Michelet s’engage dans la ligne des cuirassés passant en quelque sorte une première revue de l’armée navale. Lorsqu’il la quitte, il ralentit légèrement sa marche pendant que les gros cuirassés rompant leur ligne s’éloignent et prennent leurs dispositions en vue de la manœuvre. 

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Sur le Jules Michelet, il était difficile de voir ce beau spectacle, contrairement aux journalistes, faute d’avoir placé le cuirassé dans la ligne, au milieu de l’armée navale. Ce protocole est aussi singulier que celui qui habille, pour le travail, les marins en uniforme des dimanches. 

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La mer est devenue creuse, le Jules Michelet malgré ses 13 500 tonnes roule d’une façon appréciable et tangue fortement. Le président et les ministres ne quittent pourtant pas la passerelle et suivent attentivement les exercices avec leurs jumelles. 

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Les deux groupes sont maintenant à environ 14 miles. Ils opèrent des mouvements simultanés, l’un sur la droite, l’autre sur la gauche. Les hommes en grande tenue – c’est l’ordre singulier du protocole - pointent leurs tubes lance-torpille sous l’averse qui les cisaille. Tantôt l’avant plonge jusqu’à la passerelle, tantôt ils se relèvent, ruisselant et la quille apparait comme si le navire prenait quelque vol fabuleux.

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L’attaque du premier groupement d’escadrilles se produit quand la distance n’est plus que d’environ 9 miles. Les sonneries électriques tintent. Sur le pont, plus personne. Toute la vie s’est réfugiée dans les blockhaus et les tourelles, dans les fonds, et circule à travers les artères cuirassées du navire. 

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Après cette attaque, la première escadre effectue un tête-à-queue sur la gauche ; le deuxième groupe fait un mouvement analogue sur la droite. Le deuxième groupement, quand la distance n’est plus que d’environ 4 miles, opère alors son attaque. 

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Au cours des exercices d’attaque le cuirassé Jules Michelet est torpillé à neuf reprises par des sous- marins. L’officier de quart gêné par les reflets du soleil n’a pu signaler les navires assaillants. Peu après les exercices ont pris fin. 

Le lendemain matin de nouveaux exercices auront lieu avant la grande revue navale l’après midi. 

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M. Poincaré a offert un diner à bord du cuirassé, aux personnes de sa suite et aux amiraux. 

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un incident agaçant et comique, un brick a priorité sur les cuirassés !

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LA REVUE NAVALE

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La seconde journée de la visite présidentielle a été favorisée par un temps superbe. Aussi la population s’est-elle portée en masse sur les points d’où l’on pouvait observer les évolutions de l’armée navale. 

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L’armée appareille à 10 heures 45. Elle sort de la rade des salins par la grande passe au sud des iles d’Hyères. Le Jules Michelet, escorté des deux contre-torpilleurs et le Carthage se mettent en mouvement. L’armée navale observe la formation dite en front d’escorte. Sur une première ligne s’avancent les six cuirassés du type Danton ; sur une seconde ligne les cinq cuirassés du type Patrie ; sur une troisième ligne les cinq du type St Louis ; sur une quatrième ligne les croiseurs-cuirassés et en arrière les contre-torpilleurs.

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A deux heures, le Jules Michelet qui a quitté son mouillage vient occuper devant le cap Brun, la position qu’il gardera pendant toute la revue. Il est entouré par des bateaux à vapeur et civiles, des yachts de plaisance, des canots de toutes formes et dimensions. 

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M. Poincaré se tenant sur la passerelle supérieure arrière du commandement répond en saluant de sa casquette de marin. 

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Trois hydravions de la marine militaire arrivent à toute vitesse. Ils amerrissent sans à-coups, se posent sur la mer très calme. L’armée navale se met sur une seule ligne et à 2 heures 35 commence le défilé. 

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Le Voltaire, battant pavillon de l’amiral Boué de Lapeyrère ouvre la marche, suivi des cinq Dantons, des types Patrie, des St Louis et des croiseurs cuirassés. Chaque bâtiment qui marche à la vitesse de dix nœuds, tire en passant devant le Jules Michelet 21 coups de canon, l’équipage à la bande pousse les sept cris réglementaires de Vive la République, les musiques jouent la Marseillaise. 

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A 3 heures 15, le Jules Michelet et le Carthage s’amarrent dans la petite rade de Toulon. Le président se rend sur le Voltaire où il remet des décorations, puis il retourne sur le Jules Michelet où a lieu un diner de 160 couverts. 

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le combat naval 

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le défilé des cuirassés, en tête, le navire amiral 

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un croiseur cuirassé

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le défilé des cuirassés observé et guidé par un navire militaire.

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un cuirassé de type Danton qui côtoie un navire occupé par des membres de la presse et du parlement. 

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sur ce même navire le commissaire Oudaille, la casquette à la main. 

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amerrissage d’un hydravion 

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le cuirassé Voltaire qui accueille le président Poincaré.

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l’arrivée sur le pont du président.

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la remise de décoration aux impétrants. On aperçoit au second plan le paquebot le Carthage qui était destiné la veille aux membres du parlement et de la presse. 

A l’issue de ce diner M. Baudin ministre de la Marine porte un toast à M. Poincaré. 

Dans son discours, il souligne que sous la conduite d’un chef expérimenté réunissant dans sa personne les plus belles qualités du marin et du soldat, nos escadres et les flottilles ont fourni durant trois semaines un effort immense. Il loue la haute valeur de leur commandement, à la science, au dévouement de leurs officiers et à la vaillance exceptionnelle de leurs équipages. 

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M. Poincaré prononce ensuite un toast. 

Il regrette de n’avoir pu assister plus longtemps aux manœuvres. Lorsque les quatre escadres se sont portées dans un ordre majestueux au-devant du Jules Michelet il a senti toute la beauté d’une grande force disciplinée et méthodique manié par un chef dont la volonté vigilante est présente à la fois sur toutes les unités. Le simulacre de combat qui a eu lieu ensuite et qui a donné une si émouvante vision de la réalité, l’intrépidité des attaques entreprises par les sous-marins et les torpilleurs. La splendide revue qui a couronné ces deux inoubliables journées. 

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Puis il évoque la nécessité d’avoir une armée forte pour être sûr d’éloigner de nous, si jamais elles se produisaient, les menaces de guerre ou les tentatives d’humiliation, nous avons le devoir d’être toujours forts, toujours calmes et toujours prêts. 

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Le parlement qui est l’interprète des sentiments de la nation, ne recule devant aucun sacrifice pour porter au plus haut degré de puissance notre force militaire et navale. Nous avons pu constater ici que tant d’efforts ne demeurent pas stériles. 

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Sur quelque bâtiment qu’ils naviguent, à quelque rang de hiérarchie qu’ils servent, nos marins pratiquent avec une simplicité touchante les vertus les plus nobles. L’esprit de discipline, d’abnégation, d’héroïsme est devenue chez eux une seconde nature. La France elle-même peut se mirer dans les yeux de ses braves enfants. Elle y voit briller d’un éclat inaltéré toutes ses qualités traditionnelles. 

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Et je veux unir aujourd’hui dans un même témoignage de gratitude et d’admiration nos marins et nos soldats. Elle aussi, notre armée de terre à le regard obstinément fixé sur le drapeau. Elle aussi s’empresserait tout entière à la voix de la patrie, le jour où la France en péril appellerait ses enfants à son secours. Elle aussi n’a qu’une ambition, c’est de demeurer à toute heure et en toute occasion, digne de la confiance nationale. 

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Je lève mon verre en l’honneur de la marine française ; je lève mon verre en l’honneur de nos troupes de toutes les armes et je vous convie, messieurs, à boire avec moi à la République et à la France ! 

Une réception suivit le banquet. Elle se prolongea jusqu’à 10 heures 30, moment où M. Poincaré quitte le Jules Michelet pour aller prendre dans l’Arsenal son train spécial qui partit aussitôt. 

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