Visite du tsar de Russie et de sa famille à Cherbourg (juillet 1909)
Nicolas II entreprend en 1909 une grande croisière diplomatique qui le mène de Cronstadt (Russie) à Naples en passant par Stockholm, Copenhague, Cherbourg et Cowes. Cowes est un port de l’île de Wight situé sur les rives du Solent, bras de mer qui sépare l’île du reste de l’Angleterre.
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Le 30 juillet à Cherbourg la division navale française qui doit aller à la rencontre de l’empereur et de l’impératrice appareillera cette nuit. Le sémaphore signale à 10 heures que l’escadre russe est arrivée à la hauteur du cap Gris Nez.
(L’Echo de Paris du 1er août) Le 31 juillet, pendant que le cuirassé russe le Standard prenait son mouillage provisoire, M. Fallières en habit, la poitrine barrée du grand cordon de St André, entouré par les ministres et par sa maison civile et militaire se tenait sur une estrade dressée à tribord du croiseur le Galilée.
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Le président a pu ainsi saluer le tsar revêtu de l’uniforme d’amiral russe avec le grand cordon de la légion d’honneur et la tsarine qui portait une robe blanche. Elle avait à sa droite les grandes duchesse Olga et Tatiana derrière étaient les trois dames d’honneur.
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Le président a rejoint le tsar sur le Standard où ils ont eu un échange d’environ une heure. Puis les souverains russes accompagnés du président se dirigent en chaloupe vers le croiseur le Galilée pour passer la revue navale.
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Le Galilée se met en marche, escorté par les quatre sous-marins dont les matelots sont alignés sur le pont au ras de l’eau. Quand les souverains passent devant les navires, les équipages massés sur le pont poussent les hurrahs réglementaires. L’arrivée dans les eaux françaises des souverains russes et la revue navale furent imposantes et belles à souhait. Cette solennité fait grand honneur à la France.
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A huit heures du soir, les souverains russes quittent le Standard pour se rendre à bord de la Vérité où le président de la République leur offre un dîner. Les convives sont au nombre de quatre-vingts.
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Lorsque le dîner a pris fin sur un signal donné par la Vérité, qui lance une fusée verte, la fête vénitienne commence. La longue file des navires de guerre entourés de la coque au sommet des mâts de cordons lumineux. L’escadre du Nord et l’escadre de la méditerranée forment deux groupes à intervalle de huit cents mètres pour prendre part à cette fête.
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On peut admirer dans le premier groupe : un dragon jaune attelé à un kiosque à musique, une libellule bleue à ailes vertes trainant un dirigeable, un cygne blanc remorquant la galère à la licorne, un serpent de mer et un dauphin poursuivi par une bande de cygnes.
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Dans le deuxième groupe : une gigantesque sauterelle noire et jaune, un kiosque à musique sur le grand cygne Lohengrin, escorté de deux petits cygnes, un coq perché sur un œuf et remorquant une gondole et une tartane, un aéroplane monté par des mandolinistes, un kiosque à musique que traîne une bande de canards.
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A dix heures trente-cinq, les souverains russes regagnent le Standard, où ils passeront la nuit.
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Le dimanche 1er août, la famille impériale assiste à un office religieux sur le Standard. Le tsar reçoit une délégation de sept vétérans ayant fait la campagne de Crimée.
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Un déjeuner, servi à 13 heures à bord du cuirassé français la Vérité, réuni les deux chefs d’Etat et leurs suites. A 17 heures le président de la République reçoit les souverains russes pour le thé servi sur la digue de Cherbourg. Les grandes duchesses Olga et Tatiana sont présentes aux côtés de leur mère. Tout le monde suit avec intérêt le spectacle donné au large par cinq sous-marins français.
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A 20 heures le président est reçu à dîner par les souverains russes à bord du Standard. En soirée les navires sont illuminés et un feu d’artifice est tiré de l’Epervier.
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Le 2 août, l’escadre russe quitte son mouillage à 6 heures du matin, escortée jusqu’à mi-chemin par une division de l’escadre du Nord composée de quatre croiseurs et douze contre-torpilleurs. Le Standard est flanqué de deux contre-torpilleurs russes, puis de l’Etoile polaire, du Rurik et de l’amiral-Makharof.
Tous les navires restés en rade font entendre une salve de vingt et un coups de canon à laquelle les deux navires de guerre russes répondent. A 6 heures 15 le Standard franchit la passe de l’ouest salué par les canons de la digue. A 8 heures 45, la division française, parvenue à mi-route confie l’escadre russe à la marine anglaise venue à sa rencontre.
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A 9 heures 30 le président quitte la Vérité. Il monte dans un landau tiré par quatre chevaux d’artillerie et se rend à l’hôpital maritime. Le cortège présidentiel formé de seize landaus de gala traverse la ville précédée d’un peloton de gendarmes à cheval et de la fanfare à cheval du 24° régiment de dragons. Le président est ensuite reçu à l’hôtel de ville de Cherbourg.
A 11 heures le président quitte Cherbourg par le train à destination de Paris.
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« Le 31 juillet et le 1er août resteront deux dates historiques. Elles marqueront les heures pendant lesquelles la France a tendu la main à son alliée la Russie, pour continuer à assurer la paix du monde » (L’ouest Eclair du 3 août 1909)
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Le cortège des souverains russes avec les deux archiduchesses, du président Fallières et de leurs suites sur la digue de Cherbourg
La tsarine au bras du président Fallières suivie par les archiduchesses Olga et Tatiana
La famille impériale réunie à l’occasion d’un thé qui doit être servi sur la digue de Cherbourg.
Nicolas II et le ministre de la Marine, l’amiral Boué de Lapeyrère en conversation face à la mer.